Comprendre la sexualité humaine nous dépasse parce que notre conception de base de cet aspect énergétique n’est, la plupart du temps, reliée qu’aux plaisirs charnels. Rarement pouvons-nous en concevoir les bénéfices au plan énergétique parce que nous utilisons cette énergie polarisée, d’une puissance insoupçonnée, à des fins personnelles à très court terme.
Notre sexualité s’éveille vers l’âge de 2 ans, i.e., lorsque nous avons appris les rudiments de la survie en nos véhicules physiques. À cet âge, nous n’en comprenons qu’un unique aspect et c’est dans sa seule polarité masculine que nous activons, lorsqu’il y a lieu, ce plaisir fondamental de la jouissance sensuelle. Les activités masturbatoires de l’enfance servent à découvrir et apprivoiser les sens physiques. L’attrait pour ces plaisirs s’estompe lorsque l’enfant apprend à entrer en interaction avec les personnes de son entourage immédiat et, ultérieurement, avec les autres qui s’ajoutent au cercle grandissant.
Vers les âges de 5 à 7 ans, l’enfant apprend à entrer en interaction avec son entourage – physique ET spirituel – et à créer des liens en développant son identité. L’identité repose essentiellement sur 3 aspects dominants : le bagage karmique/spirituel, le bagage génétique et l’hérédité, i.e., ce qui s’acquiert via l’éducation et l’exemple, ces derniers définissant les cadres à l’intérieur desquels l’enfant choisit ou non d’évoluer dans un but d’appartenance. Le rejet de ces cadres ou balises – souvent parce qu’ils apparaissent faux ou mensongers – détermine le degré de rébellion qui brise l’assise de l’identité. C’est devant l’inhabileté à créer des liens avec les autres que le cercle énergétique se referme et que seule la polarité masculine de l’énergie sexuelle sera utilisée à des fins personnelles. Cette polarité devient celle de la convoitise lorsque l’enfant dépasse le stade de l’exploration de ses sens. C’est là (au bas du dos – vertèbres sacrées), où loge la rébellion et le repli sur soi. C’est la source où naissent les comportements compensatoires. C’est là où se développe le narcissisme. C’est là où le sentiment oppressant de La #Séparation se manifeste. Sans contact énergétique avec les autres, la créativité ne se développe pas, l’élément féminin demeure absent et toute tentative de communication avec le monde extérieur est exténuante et stérile. Dans ce contexte d’isolement, l’enfant apprend très tôt que la masturbation compense la solitude et procure une jouissance de laquelle il est normalement exclu dans ses interactions maladroites avec les autres.
C’est à ce stade de la croissance que les activités masturbatoires deviennent compensatoires et compulsives. Parce qu’elles sont accompagnées de sentiments de culpabilité générés par l’inhabileté à entrer en contact avec le monde extérieur, ces activités deviennent vite la base du mensonge, de la fourberie, de la superficialité et des comportements erratiques de #Victime. Ce sont ces pratiques solitaires compensatoires qui évoluent ultérieurement pour devenir les fondements de multiples obsessions qui génèrent chez l’individu la fuite vers des paradis artificiels qui nourrissent l’illusion du pouvoir sur les autres et sur les événements.
La masturbation compulsive et compensatoire chez l’enfant et les comportements malsains qui s’y rattachent devrait éveiller chez l’éducateur un sentiment d’urgence où le développement de la confiance en soi par l’exploration de la créativité sous toutes ses formes est un impératif sérieux. La créativité exige des interactions constantes avec le monde extérieur et favorise le développement sain d’une sexualité plus équilibrée et axée sur la recherche de l’Autre en Soi. Lorsque la polarité féminine de l’énergie sexuelle se développe, les besoins compulsifs de masturbation s’estompent. La fréquence des activités centrées sur les plaisirs sensuels purement égocentriques diminuent pour laisser place à davantage d’interactions qui contribuent au développement de l’individu plutôt qu’à son isolement.
Dès l’âge pubère, l’enfant développe son identité au contact des autres. Lorsque son évolution et son ouverture au monde extérieur ont été encouragées en bas âge, les liens créés sont vivants et inspirent au dépassement. L’enfant apprend ainsi à entretenir des relations qui l’interrogent, le troublent, le motivent et, conséquemment, provoquent des réactions sexuelles auxquelles il choisit ou non de répondre. C’est à partir de cette étape de vie (10-12 ans) que l’expression sexuelle s’élabore et se définit. Ces modes d’expression identitaire demeureront sensiblement les mêmes jusqu’à la quarantaine avancée et parfois même jusqu’aux abords de la cinquantaine et au-delà.
L’activité sexuelle étant une réponse aux défis que nous propose constamment le monde extérieur, nous choisissons par mouvements oscillatoires, tantôt la masturbation qui soulage le malaise ressenti, tantôt la relation sexuelle où la recherche identitaire est axée sur l’Autre OU l’abstinence volontaire et consciente qui provoque la fusion des polarités.
Dans la perspective énergétique, la masturbation est un acte qui se définit dans l’absence d’interaction avec l’Autre. Cette absence est souvent volontaire, réfrénée ou muselée, par peur de l’Autre, par ignorance de Soi ou par inhabiletés à la communication. Le stimulus sexuel produit par l’Autre – quel qu’il soit – devient alors source de conflits intérieurs où la seule réponse est l’apaisement de la tension par la recherche de jouissance sensorielle introvertie. Cette maladroite recherche d’apaisement obscurcit toute possibilité de compréhension de ce que l’Autre a soulevé. Lorsque l’orgasme est atteint, le voile se lève mais la question demeure. C’est la base des compulsions sexuelles. Les conflits intérieurs étant toujours évités par l’apaisement des tensions, la vérité et la véritable connaissance de Soi, en profondeur, demeurent toujours inaccessibles. Coupé de Soi et des autres, le cercle vicieux où l’introversion tourne en boucle se maintient. Il devient la base des mensonges où toutes les prétentions et les illusions remplacent la réalité bien vivante des interactions humaines qui remettent constamment en question nos identités toujours changeantes.
Le stimulus sexuel est l’impact énergétique que l’Autre a sur le Soi que l’on méconnaît. En réponse aux lacunes qui résident en nos identités masculines ou féminines, l’Autre (i.e. les Autres) soulève des «questions» ou propose des «réponses» et c’est alors que le vide en soi se fait ressentir, d’une façon plus ou moins intense. C’est le vide ressenti qui génère le désir de fusion avec l’Autre pour ne former qu’UN, que l’on définit généralement comme étant la passion, le désir ou l’amour. Ce désir de fusion si légitime nous rappelle inconsciemment que nous sommes des humains, polarisés, pour qui l’élévation, l’exaltation, le nirvana, la connexion à la Source, au Tout, à l’UN, n’est accessible que par une autre personne. Cet Autre, que l’on voudrait à chaque fois son âme-jumelle, est l’instrument par lequel la légendaire fusion à l’Ultime nous est possible. Même si cette fusion provoquée par l’union sexuelle est temporaire, elle procure l’illusion de la complémentarité enfin réunie où deux entités forment une unité aussi lumineuse que l’est la Source divine d’où nos âmes non-polarisées sont issues. C’est cet état fusionnel que nous recherchons inlassablement qui provoque en nous l’éveil sexuel où la fusion est le but ultime. Ne faire qu’un avec l’autre est ce que nous appelons l’amour relationnel. Mais cet attachement, aussi passionnel fut-il, est basé sur l’attraction de ce qui nous est encore étranger et que l’Autre peut inconsciemment nous faire miroiter.
L’intensité de l’énergie sexuelle est en juste proportion à l’instabilité identitaire. C’est en cette instabilité que résident les désirs sexuels compulsifs de possession ou de soumission à l’Autre. Plus l’identité est floue ou instable, plus l’énergie sexuelle est intense et désordonnée. Cette recherche identitaire se manifeste par un désir incessant de fusion avec l’Autre ou d’appropriation de ce qui échappe à la compréhension. C’est ce que l’on appelle l’attraction. Cette dernière s’estompe lorsque, de façon répétitive, l’Autre nous présente un ou des aspects de Soi que l’on se réapproprie progressivement. Lorsque ce que l’Autre nous projetait devient complètement intégré, l’attraction disparaît. C’est au moment de la dissolution de ce lien que l’attachement et les promesses de vie deviennent significatifs. Quand l’attraction n’est plus le centre absolu de la relation, il y a continuité du «mariage» sur d’autres bases ou séparation des conjoints par absence d’amour.
Toujours dans la perspective énergétique, l’abstinence volontaire et consciente est un acte de foi qui révèle tout autant l’intensité de la recherche d’identité que la motivation profonde d’évoluer vers des plans de conscience où la fusion des principes identitaires est une nécessité. Il est important de faire ici une différence entre l’abstinence consciente et coordonnée et le retrait de toute activité sexuelle par rébellion, par vengeance ou par apitoiement suite à un préjudice. L’abstinence par choix élève l’esprit et apporte la sérénité de l’équilibre énergétique soigneusement entretenu. Cette forme d’abstinence est conséquente à un choix de vie conscient où l’Autre n’est ni la cause ni l’adjudicataire unique. C’est un choix personnel qui requiert un travail assidu et constant et dont l’objectif ultime est toujours altruiste et désintéressé.
Tout à fait à l’opposé de la magnanimité, il y l’abstinence proclamée qui, elle, est vindicative et soutenue par des comportements de #Victime profondément enracinés. Cette forme de prétendue abstinence est en réalité un retrait des activités sexuelles qui incluent une autre personne. À défaut de capacité d’abandon de Soi à l’Autre, il y a retrait volontaire de la sexualité partagée mais augmentation de la fréquence des séances de masturbation compensatoire. Ces séances sont toujours accompagnées de culpabilité liée au rejet volontaire des interactions extérieures et génèrent des frustrations dont l’agressivité et la violence sont souvent les seules issues. L’aspect punitif de cette forme d’aversion sexuelle a été très bien documenté autant par Freud que par Jung et toutes les écoles de pensées qui découlent de leurs théories respectives. Les conséquences à moyen et long termes de ce comportement excessif sont l’obsession, la paranoïa et le retrait en des méandres toujours plus obscurs de pulsions vindicatives dont l’objectif final est de tuer l’Autre pour que cessent les tourments.
C’est la sexualité qui est le siège de toutes les folies les plus meurtrières, autant pour Soi que pour les autres. Quand on en comprend les fondements, on ne peut réfuter l’extrême importance d’une éducation sexuelle basée sur le plein développement des deux polarités en Soi. Le masculin nous inspire à la droiture, à l’action, aux prises de position et à la solidité des instances décisionnelles qui motivent tous les gestes que nous posons. Mais sans sa contrepartie féminine qui nous inspire à la souplesse, nous sommes sujets à devenir des monstres nombrilistes et narcissiques pour qui la séduction et l’appropriation sont des codes d’honneur.
La polarité féminine de notre énergie sexuelle est, par définition, le siège de la créativité. Sans l’énergie toujours renouvelée de cette polarité, nous ne pouvons que répéter les propos des autres et copier leurs gestes, leurs comportements, leurs attitudes, sans qu’aucune forme de discernement n’entrave la singulière projection de nos propos. L’énergie féminine de notre identité nous inspire au renouveau, à la création, à la communication. C’est au creux de nos bassins qu’est générée la Vie, dans toute sa splendeur. C’est l’énergie par laquelle toutes les formes de vie sont supportées, nourries, bercées, guéries, transformées. C’est le siège de la Connaissance de Soi. Sans cet aspect primordial, nous sommes sérieusement handicapés dans nos capacités d’interaction avec les autres. C’est dans ce berceau de vie que chaque instant peut être créé selon les besoins du moment. Et c’est à partir de cette énergie que la fusion des polarités devient possible. L’abstinence sexuelle volontaire et consciente devient alors un impératif pour élever la fréquence vibrationnelle jusqu’à des niveaux permettant le transfert d’énergies curatives, régénératives, de façon fluide et sans les entraves que crée le désir d’appropriation ou de soumission.
L’abstinence n’est en rien liée aux autres. C’est une affirmation de l’Âme qui authentifie nos capacités de dépassement de Soi au profit et au bénéfice des autres. L’abstinence génère la fusion des polarités et la fusion génère l’abstinence. Force électromagnétique d’une étonnante puissance, l’énergie sexuelle fusionnée EST le berceau des miracles et souvent celui aussi de la magie. Les polarités sexuelles fusionnées forment un plancher et un tremplin énergétique sur lequel repose l’évolution et le changement en profondeur de l’humanité telle que nous la connaissons.
Andrée Lyne Gagnon
Le 9 janvier 2015
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